lundi 13 septembre 2021

Sur les flots


Les voyageurs errent, tels des âmes en peine,
Leurs visages blafards éclairés par l'écran
Qui guide leur conduite et les aligne en rangs
De « drones » 
sans pensée pour qui la vie est vaine.

Ils sont vides de tout, sauf de leurs directives
Qui les font s'agiter en mimant des envies,
N'ayant pour paradis que leur propre survie
Et pour seul horizon l'acceptation passive.

Pour un peu de confort, ils ont vendu leur âme,
Noyé leur avenir dans un plat de lentilles
Et troqué leur raison contre quelques vétilles :
Eux qui tenaient la barre ont pris place à la rame.

Sur le pont du bateau, des commerciaux joyeux
Fêtent leur plus gros coup en buvant des liqueurs ;
Ils forment à eux tous le plus heureux des chœurs
Que dirige un écran aux doux reflets soyeux.

Plus haut, sur la dunette, on trouve une machine
Reliée au capitaine et lui donnant la route ;
Elle a charge de tout, de là jusqu'à la soute :
A son commandement, tout un chacun s'échine.

Nous parcourons la vie sans rien apercevoir :
Ecran devant les yeux, casque sur les oreilles,
Chacun se croit le dieu de toutes ces merveilles ;
La machine est pour nous comme une tour d'ivoire.

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