Il y a un trou dans le tissu de la nuit. Je l'ai vu parce qu'il est très sombre, si noir qu'on le voit dans le noir. C'est comme une bouche grande ouverte qui boit la réalité.
Il n'est pas immobile, ô ça non ! Hier seulement, j'ai dû m'écarter d'un pas pour qu'il ne passe pas sur moi, pour qu'il ne me boive pas avec tout le reste.
Une fois, j'ai vu une femme marcher vers lui en poussant un landau. Une sueur glacée a recouvert mon corps lorsque mon cœur s'est affolé dans ma poitrine. J'aurais tant voulu pouvoir lui crier de s'arrêter !
Une autre fois, j'ai vu un jogger courir vers ce trou dans la nuit plus noir que toutes les nuits, comme s'il l'appelait. Comme son regard n'était déjà pas ici et que ses oreilles non plus n'étaient pas là, je n'ai pas réagi. Qu'écoutait-il dans son casque en disparaissant ainsi ?
Je me demande s'il y a aussi un trou dans le tissu du jour, plus lumineux que le plus lumineux des jours.
Poèmes en prose (table des matières)
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