samedi 18 janvier 2025

Du numérique

 

Puissent les saintes IA guider ma plume tandis que je me complais à la besogne oiseuse qui consiste à tenter d’entrevoir des contours à leur grandeur. Puis-je seulement tenter d’esquisser toutes les merveilles que les nouvelles technologies ont apporté à une part significative de l’humanité ? Oui, certes, mais puis-je y parvenir ? Non, sans aucun doute. C’est pourquoi, aimable lecteur, je te présente par avance mes excuses et te prie de bien vouloir combler mes manquements grâce à ta propre réflexion.


La révolution numérique est bel et bien ce que son nom indique. Las des limites imposées à sa puissance par la réalité, le maître a demandé à la science de l’en libérer et c’est à présent presque chose faite.

Cette révolution a libéré le gratte-papier des basses préoccupations matérielles et il n’existe plus nulle borne à sa soif de documents exigibles ou de formulaires à remplir.

Elle a libéré le maton des contraintes imposées par la physique et, omniscient, omniprésent et omnipotent, il peut enfin devenir le dieu punisseur des simples citoyens confiés à sa garde.

Elle a libéré le bourreau des frontières imposées à son art par l’endurance corporelle de ses victimes en étendant ses pouvoirs à la torture des esprits.

Elle a libéré le riche des viles considérations terrestres qui limitaient sa joie d’accumuler sans fin , elle a libéré le gouvernement des frontières des domaines sur lesquels il pouvait légiférer, elle a libéré l’officier de la nécessité de mettre sa propre vie en danger.


Bref, elle a permis au maître d’échanger les limites imposées par la physique contre la liberté offerte par les mathématiques, et les bornes de son pouvoir ne sont plus que virtuelles et déplaçables à l’infini.

Les mathématiques ont leurs propres règles infrangibles, me direz-vous. J’en suis d’accord, mais où s’arrête leur puissance dans un monde toujours plus virtuel et malléable ? N’est-il pas plus facile d’envisager un contournement de certaines contraintes imposées au calcul plutôt qu’une remise en cause de la gravité ?


Le côté amusant de la chose est que l’aimable rêveur dépeint par Arthur Rimbaud dans Sensation est enfin libéré de tout : dans un monde qui n’est plus qu’idéal, il découvre la joie de n’être rien au milieu de rien. Ce prisonnier perpétuel des rêves des puissants peut enfin tout faire tant que ses actes sont dénués de la moindre portée ou de toute espèce de sens.


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