mercredi 28 mai 2025

Pour écrire un mot

 

(Au cœur de la nuit,

Pierrot mon ami,

prête-moi ta pluie

pour couvrir de pleurs

la vie qui détruit

tous les gens d’honneur.)



Lorsque s’en vient la nuit

Et que je suis sans feu,

J’arpente les ruelles

En quête de chandelles,

Mais tous se sont enfuis

De ces étranges lieux

Où la vie m’a conduit

Quand je me suis fait vieux.


J’arrive à une église

Et je toque au vantail,

Puis j’attends dans le soir

Comme s’en vient le noir ;

La brise devient bise

Et je fuis le portail

Pour marcher à la guise

Du vent qui me travaille.


Y-a-t-il un décret

Pour m’épargner le glas ?

Oh Seigneur, dans tes cieux,

Révoque-le, mon Dieu !

Fils, à dire le vrai,

Moi je ne t’aime pas :

Je sais que je devrais,

Mais je ne le peux pas.


Te tuer me plairait

Mais moins que te sauver :

Profite de la vie,

Danse ! Cours ! Vole ! Ris !

Qui me consolerait

Si tu devais crever

Sans hargne ni regret,

Sans personne à aimer ?


Espèce de sadique !

Que t’ai-je fait, mon Dieu ?

Tu es né, petit con.

Tu as vécu, morpion.

Cela me fout la trique,

Sandestin de mes deux,

De te voir, pathétique,

Ramper devant ton Dieu.


Qui crois-tu célébrer

Dans une église humaine ?

Ton Jésus minuscule ?

Sa mère ridicule ?

Le Seigneur des armées

Se moque de ta peine :

Arrache-toi, pygmée,

Reprends ta course vaine.


Un peu anéanti

Par ce discours brutal,

Je repris mon errance

Et rentrais dans la danse ;

Je rejoignis la nuit,

Néant qui m’est fatal :

Décidément, l’ami,

Mon Dieu n’est pas banal.


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