dimanche 29 septembre 2024

Ver de nuit

 

J’aimerais vous parler du chœur des ténèbres, de ceux qui viennent nous envoûter de leur chant lorsque le dernier cierge est non pas caché, mais éteint. Le tombeau est alors refermé et la nuit est là car notre espérance n’est plus : elle est partie avec le seul homme qui ait jamais vécu.

Le seul homme, non pas parce que nous serions tous des filles mais parce que nous sommes tous des enfants devant la nuit qui s’abat sur nous lorsqu’il n’est pas là. Comme nous pouvions rire sur le chemin qu’il nous montrait et comme nos peurs disparaissaient dans sa lumière ! Sous sa garde, nous aimions la vie car elle était plus forte que la nuit qu’elle rendait douce par son ardeur ! Et puis il est parti et la vraie nuit est venue.

Cette nuit, tu la connais aussi bien que moi, ma sœur, et toi aussi, mon frère, car nous prions tous pour en être. Nous croyons qu’en devenant la nuit, cette dernière nous sera favorable et que nous n’aurons plus peur, suivant en cela l’avis du plus grand des menteurs.

La peur, ce ver qui ne meurt pas et qui nous ronge, nous le nourrissons dans notre sein de la chair-même dont nous voulons le priver. En tentant de le fuir, nous courons toujours plus avant dans la nuit qui nous enlace et nous étreint et nous murmure à l’oreille ses puantes berceuses.

Que ne sommes-nous pas restés debout là, à l’entrée du tombeau, pour éclairer la nuit de nos cantiques tandis que la pierre roulait et que la grotte s’ouvrait !


Note : Si j’imagine que beaucoup de lecteurs reconnaîtront facilement la plupart de mes sources d’inspiration puisqu’elles se trouvent dans la Bible, je me permets cependant d’ajouter une pensée aux musiciens du groupe Deathcode Society, leur dernier album ayant eu une certaine influence sur mon imaginaire.


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