lundi 20 avril 2020

DAFB - Final

Discours et anecdotes de la forêt des bambous plus hauts que les montagnes mais moins vastes que le ciel :
Final

Comme le maître de souffrance avait raison, mon cher Seigneur, et comme j'ai pu errer ! Tandis que tu agonisais, je dormais. Pas plus que les apôtres, je n'ai pu m'empêcher de te crucifier par paresse et par lâcheté. Je remplissais ma bouche de grands mots, mais que faisais-je de mon cœur ?

Aimer, c'est vouloir le bonheur de l'autre, et ton bonheur est mon salut. Si je veux ton bonheur, je dois te laisser me sauver.

Je dois cesser d'empiler les briques de ma propre prison. Pour reprendre le langage du maître de guerre, Mara, c'est moi, le Bouddha, c'est moi : tant que je suis mes idées, je suis prisonnier. Ce qui change, c'est tout au plus la couleur de mes chaînes.

Je vais partir, mon cher Seigneur, je vais partir avec toi, qui seul ne m'as jamais abandonné, même quand je te reniais à chaque instant à travers chacun de mes actes, chacune de mes paroles, chacune de mes pensées. Je vais aller sur les chemins de la forêt pour y chercher ce que j'ai trouvé.

Je vais laisser ici tous ces feuillets que j'ai accumulés. Qui sait ? Quelqu'un y lira peut-être quelque chose ?

Je vais partir sur les sentiers, comme l'ont fait tant de ces moines qui me sont devenus chers, sans aller où que ce soit mais sans plus m'enfermer.

Je regarde les murs de ma hutte, ces murs qui sont si souvent tombés à cause de la pluie et que j'ai toujours reconstruits. C'est drôle, quand on y pense.

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