samedi 28 novembre 2015

Deo Gratias

J'aime dans la musique son exactitude fatale.
Chaque chose est à sa place, note, variation ou silence.
C'est un lieu où tout l'univers converge
Sans rime ni raison ou harmonie
Aussi arbitraire que les mathématiques
Unie comme elles au sens du monde
Par la grâce de notre humanité.
J'aime dans la poésie son exactitude fatale.
Chaque chose est à sa place, son, syllabe, ou silence.
C'est un lieu où tout l'univers converge
Sans rime ni raison ou harmonie
Aussi arbitraire que les mathématiques
Unie comme elles au sens du monde
Par la grâce de notre humanité.
J'aime dans l'art son exactitude fatale.
Qui va et vient, vogue et diverge ou converge parfois
Exergue et divague au rythme de nos heurs
Aussi arbitraire que les mathématiques
Mais qui toujours trouve ou retrouve comme nous parfois le sens du monde
Par la grâce de notre humanité.

vendredi 2 octobre 2015

Fluctuat

imagine le monde à travers ses yeux
contemple-toi toi même et essaie de t'aimer
tout empli de superbe et en humain grimé
géant aux pieds de vent rampant dans les cieux

toi aussi un jour tu deviendras un vieux
ou insecte ou malade ou cadavre embaumé
bête traquée ami trahi femme brimée
rêvant d'une vie où tout être est précieux

reprends place en ton être et continue à rire
remets donc à plus tard lorsqu'il faudra mourir
à quoi bon tant d'efforts viens poursuivons le bonheur
cesse donc de penser ô esprit impavide
cette voie est aride et mon corps trop avide
seul compte le plaisir le reste n'est que leurre

mardi 18 août 2015

Peur

Vous entrez.
Tous rient, et vous montrent du doigt.
Vous sortez.
Tous rient, et vous montrent du doigt.
Vous arrachez vos yeux,
Mais vous entendez rire;
Vous crevez vos tympans,
La terre tremble de rire;
Alors vous criez:
« Assez! »
Et puis vous vous tuez.
Dieu rit, et vous montre du doigt.

samedi 25 avril 2015

Fils de Caïn

Fils de Caïn, sois maudit pour l'éternité.
Moi, le seigneur ton Dieu, je t'offrais l'espérance
D'une vie riche et belle, dénuée de souffrance,
La joie du mariage, de la paternité,

Voir grandir tes enfants, sourire dépité,
Quand leurs rires se taisent devant ta peau rance,
Faisant place à des pleurs tandis que je m'avance,
Tel l'ombre d'un regret que ta futilité

N'a pas pu effacer. C'est fini, terminé.
Qu'as-tu fait de ce grain qui aurait dû germer?

Mais qu'ai-je donc à faire de tous tes émois?
Moi je t'avais béni, et tu as espéré,
Sans fin tu as promis, sans fin tu as erré.
Maintenant tu es vieux, et tu rampes vers Moi.

Lilith

Liminaire enfoui au plus profond des rêves
Ivresse de la chute au secret de l'abîme
Liesse du lion chevauchant sa victime
Ire cinglant sans cesse ni trêve
Torche radieuse embrasant toute issue
Hache mordant au creux de l'âme nue

samedi 7 mars 2015

Un cri, là, dans la nuit

Cette nuit un cri a retenti, là, tout près de moi. J'ai fermé la fenêtre et me suis rendormi.

A nouveau le cri, là, si près de moi, et puis le silence, et à nouveau le cri, et puis la nuit et je me suis rendormi. Et puis le cri encore, qui me rendit fou, et je dis:
« Sont-ce là des façons, souffre donc en silence! fais comme nous tous et ne réveille plus! »

Et puis le cri encore. Je me suis relevé, j'ai rouvert ma fenêtre et j'ai pris mon fusil et puis j'ai attendu, attendu, attendu.

Et à nouveau le cri, et le bruit, et la balle, le silence, et la nuit.
Un jour, toi aussi tu épauleras.
Vise bien.