mercredi 26 octobre 2022

43, Avenue du Ciel

 On ira tous au Golgotha

(Le chant du crucifiement)



Refrain :

Aussi vrai que la terre est ronde,
Tout n'est que miracle en ce monde ;
C'est même miracle à tout prendre
Que vous soyez là pour l'entendre.
Rien ne concourt à notre vie
Qu'un peu d'amour et de folie
Et pourtant tout va vers demain :
Même les morts sont en chemin.



Premier couplet :

Quand on vous a fait naître ici,
Tout devait se passer ainsi :
Une enfance où rien ne vous presse
Dans un monde empli de tendresse,
Un peu d'ennuis et de problèmes
En menant la vie de bohème ;
Il faut bien quelques contretemps
On n'a pas tous les jours vingt ans !
Mais lorsque l'école est finie,
La vie s'étend à l'infini ;
Quand vient le moment de choisir
Vous pouvez vous faire plaisir.
Il va falloir vous installer,
Ça vaut bien quelques pis-aller ;
Il faut aussi fonder un couple
Et pour cela se montrer souple
Et puis prendre des décisions
En résistant à la pression
Si on veut la vie programmée
Entouré d'êtres bien aimés.


Refrain

Second couplet :

Alors on vous dit « C'est la crise !
Désolé il y a eu méprise.
Vos avis vont dans vos mouchoirs,
Prenez ce qui va vous échoir ;
Pour vivre votre vie rêvée
Regardez les célébrités
Mais vous vous n'êtes qu'un péon,
Désolé vous n'êtes personne :
Vous vous battrez pour votre pain
Que nous vous volerons demain. »
« Enfin c'est bien joli tout ça,
Mais ai-je fait tout ça pour ça ?
Il aurait fallu naître ailleurs,
Ici c'est cuit, j'en ai bien peur.
Après tout, il faut ce qu'il faut,
Aucune vie n'est sans défaut. »
« Vous allez bien vous en sortir,
D'autres que vous ont vu bien pire !
Allez, mon gamin, au travail !
Il n'y a que cela qui vaille. »


Refrain

Troisième couplet :

À peine installé votre toit
Est démonté pour le charroi
Et c'est ainsi que votre vie
Est chamboulée sans préavis.
Chacun prépare ses bagages
Tandis qu'arrivent les nuages
Et tout s'en va cahin-caha
Dans un énorme brouhaha.
Quelques chauffards roulent sur vous
Et vous écrasent dans la boue
Et ceux devant vous contourner
Vous maudissent tous d'être né
Puis continuent l'instant d'après
Sans même marquer un arrêt.
Négligeant toutes vos douleurs
Vous n'écoutez que votre peur,
Peur d'être seul et même pire,
Peur de s'asseoir et de mourir :
Vous les suivez vaille que vaille,
Il faut bien vivre où que l'on aille !


Refrain

Quatrième couplet :

Peu importe que l'on y croie,
Chacun de nous aura sa croix
Là tout en haut du Golgotha
Pour y apprendre sur le tas
La valeur de ses illusions
Au cours de sa crucifixion :
Pourquoi nous sommes-nous voués
À tous nous y entreclouer ?
C'est qu'il faut bien que l'on s'occupe
Pour ne pas voir que l'on est dupe ;
Chacun s'invente des passions
Et oublie sa propre passion
Mais au pied des bois de justice
Assemblés avec nos complices
Sera-t-il bien temps de prier
Pour que nous soyons épargnés,
Nous qui crucifions le Sauveur
En chaque enfant qui naît puis meurt ?
Non, il sera temps de mourir
Mais avant cela de souffrir.


Refrain

Final en forme d'épilogue :

Aussi vrai que la terre est ronde,
Tout n'est que miracle en ce monde !
Qu'un tel chaos puisse exister
Et qu'il puisse aussi subsister,
N'est-ce pas là une merveille
Impossible à l'état de veille ?
Rien ne concourt à notre vie
Qu'un peu d'amour et de folie,
Tout l'univers veut nous tuer
Tandis qu'un seul veut nous sauver
Et pourtant tout va vers demain :
Même les morts sont en chemin.

L'Avenue du Ciel (table des matières)

Sommaire général


dimanche 9 octobre 2022

Boisson d'ilote


Dans le courant du caniveau
Un poisson passe
Portant dans ses bras un trumeau
Qui le dépasse.

Oh, que j'ai peur de ce plumeau
À l'âpre face
Amidonné des oripeaux
D'une limace !

Va-t-il appeler son appeau
Pour qu'il m'efface ?
Ou bien me placer en dépôt
Par trop fugace ?

Je trouverai le chalumeau
De cette tasse
Et nous irons dans les flûtiaux
Qui s'entrelacent.