jeudi 24 février 2022

Hanshan n'est pas ici


Haut, haut le point culminant,
Le monde sans limite au voyant !
Personne ne sait que je suis ici,
Lune isolée dans le courant glacé.
Dans le courant, où est la lune ?
Dans le ciel toujours est la lune.
J'écris ce poème et pourtant
Nul Zen ne se trouve dedans.

Note : Ceci est une transcription travaillée de ma lecture d'une traduction anglaise d'un poème d’Hanshan, autrement dit une version très lointaine de l'oeuvre originale. Vous pourrez lire la première traduction sur le site « Poetry in translation » dans le recueil intitulé « Words from Cold Mountain » (texte 5).


L'Avenue du Ciel (table des matières)

Sommaire général

mercredi 2 février 2022

Marche méditative


Le rythme de tes pas estompe tes pensées
Laissant place à la joie de n'être plus qu'ici ;
Savourant des instants qui ne sont plus qu'ainsi
Tu écoutes ton cœur qui s'est mis à danser.

Et puis soudain ce poids, et puis cette inquiétude :
« Nous sommes en hiver... Où puis-je me cacher ? »
Peut-on nommer ceci méditation marchée ?
Ton problème pourtant ne veut pas qu'on l'élude.

Même ici, en forêt, tout passant te verra ;
Les feuilles qui , l'été, auraient caché tes fesses,
Tu viens de les fouler, perdu dans ta détresse :
« Regarde-ça, papa, oh le vilain verrat ! »
Tu les entends déjà, les promeneurs en liesse,
Se gausser du quidam que la nature abaisse ;
Noyé dans tes tourments, tu es fait comme un rat.

Enfin tu te souviens d'une vallée perdue
Et vas vers ton salut dans le vent qui se lève.
Que le temps se fait long lors de ta course brève
Et rude ton chemin dessous la noire nue !

Et voici que le ciel, s'avisant du cloporte
Qui parvient à courir dans l'espoir qui l'allège
Se déverse sur lui de son trop-plein de neige !
Mais bon sang, qu'as-tu fait, toi que tes vents transportent ?

Te voici parvenu au vallon encaissé ;
Sur les ailes du vent qui souffle et tourbillonne
Un voile tout diapré descend et t 'environne
Comme tu t'accroupis, le pantalon baissé.

Vois ton corps te montrer ce qu'est l'humanité !
Oh, ce qu'elle est noble, hein ? Mais c'est la vérité.
Alors l'hilarité vient secouer ton être :

Ici tu ris de toi, ici tu te réjouis
Et à ton peu de jours en ces lieux tu dis « Oui ! »
Et puis en souriant tu retournes paraître.

Maintenant libéré de ta stupeur affreuse,
Tu quittes sans regret cette vallée heureuse
Pour vivre les présents qu'il te reste à connaître.

Voyages autour de mon lit (table des matières)