Un certain jour, en un certain pays, un
roi condamna un magicien ;
Au banc de justice, le premier s'exclama :
Au banc de justice, le premier s'exclama :
« Outre d'iniquité et de vices,
Outre malsaine emplie de tous les péchés,
Outre pleine de malfaisance,
Outre grosse des vices du monde,
Outre éructant la sanie des erreurs
des vivants,
Je te condamne au nom du droit que
j'incarne,
Je te condamne au nom du bien que
j'incarne,
Je te condamne au nom de la vérité
que je suis,
Je te condamne, O magicien.
Tout le peuple t'accuse.
Tout le peuple te refuse.
Tu mourras donc sur le bûcher
Car sache, mage,
Que la décision du peuple est
sacrée. »
Le silence se fit.
Puis le peuple rugit.
Quand il se tut, le magicien parla.
« Je t'ai entendu, O Roi.
Le droit du peuple, tu l'incarnes.
Le bien du peuple, tu l'incarnes.
La vérité du peuple, tu l'es.
Tu leur a donné pour droit le fruit de
leurs erreurs.
Tu leur a donné pour bien la haine de
leurs peurs.
Tu leur a donné pour vérité leur
propre iniquité.
Tout cela, tu l'as rendu sacré.
Tes mensonges toutefois n'ont pas
altéré ma pensée.
Je vais brûler car le peuple le veut.
Tu as donc décidé que le peuple est
Dieu?
Grand bien t'en fasse.
Dorénavant tu te prostitueras en
public.
Tout le peuple saura qui te nique.
Toutes tes passes dissimulées
Seront par la presse exaltées.
Toi, la dernière des putains,
Toi, qui te vends pour un rien,
Toi, qui n'as rien à donner,
Toi, monceau d'absurdité. »
Il est dit dans le conte que rien ne
changea.
Le peuple, ravi, acclama son roi.
Le peuple, ravi, acclama son roi.