mardi 16 août 2016

Vox populi

Un certain jour, en un certain pays, un roi condamna un magicien ;
 Au banc de justice, le premier s'exclama :

« Outre d'iniquité et de vices,

Outre malsaine emplie de tous les péchés,

Outre pleine de malfaisance,

Outre grosse des vices du monde,

Outre éructant la sanie des erreurs des vivants,

Je te condamne au nom du droit que j'incarne,

Je te condamne au nom du bien que j'incarne,

Je te condamne au nom de la vérité que je suis,

Je te condamne, O magicien.

Tout le peuple t'accuse.

Tout le peuple te refuse.

Tu mourras donc sur le bûcher

Car sache, mage,

Que la décision du peuple est sacrée. »

Le silence se fit.

Puis le peuple rugit.

Quand il se tut, le magicien parla.

« Je t'ai entendu, O Roi.

Le droit du peuple, tu l'incarnes.

Le bien du peuple, tu l'incarnes.

La vérité du peuple, tu l'es.

Tu leur a donné pour droit le fruit de leurs erreurs.

Tu leur a donné pour bien la haine de leurs peurs.

Tu leur a donné pour vérité leur propre iniquité.

Tout cela, tu l'as rendu sacré.

Tes mensonges toutefois n'ont pas altéré ma pensée.

Je vais brûler car le peuple le veut.

Tu as donc décidé que le peuple est Dieu?

Grand bien t'en fasse.

Dorénavant tu te prostitueras en public.

Tout le peuple saura qui te nique.

Toutes tes passes dissimulées

Seront par la presse exaltées.

Toi, la dernière des putains,

Toi, qui te vends pour un rien,

Toi, qui n'as rien à donner,

Toi, monceau d'absurdité. »



Il est dit dans le conte que rien ne changea. 
Le peuple, ravi, acclama son roi.