Mélopée d'action de
grâce
Le serpent nous l'a dit quand nous étions heureux :
Goûtez-donc de ce fruit, soyez comme des dieux !
Le satan a promis, le satan a tenu.
Allons allons Adam, ne sois pas si peureux !
Imite-donc mon geste ou fais-moi tes adieux :
Je suis vêtue de moi alors que tu es nu.
Le serpent me l'a dit et sa parole est vraie :
Mes yeux sont dessillés sur le mal et le bien.
Le satan a promis, le satan a tenu.
Dans les champs du satan, le Seigneur est l'ivraie ;
Quittons ce paradis où nous ne sommes rien,
Abandonnons Ses dons dont le prix nous dénue.
Contre notre nature, échangeons la puissance ;
Dorénavant nous seuls devrons être adorés.
Le satan a promis, le satan a tenu.
Bonheur contre plaisir et joie contre jouissance,
Tout ce qui nous plaira finira dévoré :
À nous toute la terre, à nous son contenu !
De notre religion, élisons les apôtres ;
Ainsi s'accomplira notre divinité.
Le satan a promis, le satan a tenu.
Décidons qui peut vivre et tuons tous les autres,
Sacrifions les enfants à notre éternité,
Assurons au satan un règne continu !
Maintenant est venu le temps d'un nouvel âge :
Troquons ces corps maudits contre nos créations.
Le satan a promis, le satan a tenu.
Emplissons l'univers de notre bavardage,
Explorons les splendeurs de l'imagination,
Prisonniers et geôliers à jamais détenus.
Laissons là cette terre où pour vivre on s'échine,
Bâtissons un empire au gré de notre maître !
Le satan a promis, le satan a tenu.
Dans notre paradis, nous serons des machines
Savourant à jamais les plaisirs du non-être,
Dissous dans le fini par peur de l'inconnu.
Le satan a promis, le satan a tenu.
Le satan a promis, le satan a tenu.
Le satan a promis, le satan a tenu. (ad libitum)
Notes :
– Dans l'idéal, l'élocution devrait paraître de plus en plus
mécanique, artificielle, surtout lors de la répétition du dernier
tercet.
Cette mélopée a été
conçue pour être scandée ; vous pouvez même battre un
rythme et le suivre à la façon de certains poètes antiques ou de
musiciens traditionnels.
Le dernier vers de
chaque tercet peut être dit en prononçant soigneusement et
distinctement les syllabes mais d'un seul tenant et sans marquer la césure d'une
manière particulière. L'idée est de donner l'impression d'un flot inexorable.
Une autre façon de dire
ce poème est de le chanter ; j'ai prévu un air à cet effet
mais ne vous attendez pas à des miracles d'harmonie : je ne suis ni
un compositeur, ni un musicien, même amateur. Le premier air peut
être utilisé pour tout le poème afin de rester dans l'esprit
d'une mélopée. Une alternative possible est d'utiliser le second
air pour chanter le deuxième et éventuellement le neuvième
tercet (« Maintenant... »). On peut enfin utiliser le
premier air pour tous les tercets impairs et le second pour les
tercets pairs.
Pour finir, ce poème est
la réécriture d'un texte que j'ai publié sur ce blog en 2017, « La
promesse du satan ». Je l'avais destiné à être lu (enfin!)
puisqu'il aurait dû me servir de carte de visite sur le site
oniris.be mais leur portier électronique a refusé mon inscription
avec un acharnement remarquable. Je le publie donc ici tout en vous
recommandant d'aller y faire un tour. Aucun poème n'y est mauvais, les
commentaires sont souvent intéressants et au moins l'un des poètes est
vraiment très bon, voire mieux que cela à mon sens.
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