Le secret des secrets n'a pas besoin d'être tenu secret parce qu'il est incroyable. C'est heureux, d'ailleurs, parce qu'il est connu de tous, ou en tout cas de beaucoup. Du moins, beaucoup de gens l'ont connu mais ils ne s'en souviennent plus. Ils l'ont oublié parce qu'ils ne l'ont pas cru, d'une part, puisqu'il est incroyable, mais aussi parce qu'il paraît impossible, d'autre part. Quand je dis impossible, j'entends par là que personne, bien portant ou fou, ne peut croire que ce soit là une chose importante, alors chacun l'oublie. Disons donc qu'il est à la fois incroyable et immémorable et non pas impossible, même s'il le paraît aussi.
Le plus intéressant, me semble-t-il, est que nul détenteur du secret des secrets ne s'est jamais soucié de l'enseigner. La raison de ce fait est simple. Moi qui écris ces lignes, je l'ai trouvé plusieurs fois pour l'oublier aussitôt ou peu de temps après. Comme je ne suis pas prêt pour lui, il ne l'est pas pour moi. Je le cherche, je le trouve puis je l'oublie. C'est comme ça que cela se passe. Je l'ai encore trouvé cette nuit mais je sais que je vais l'oublier parce que mon esprit ne l'accepte pas. C'est sans doute cela, le but d'une vie d'oraison, de prière et de méditation : ne pas seulement dire « Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! » quand on le trouve, mais aussi croire enfin ce que l'on a toujours su sans l'accepter.
Maintenant, vous vous dites peut-être : « Mais écris-le, bon sang ! Si tu es trop con pour l'utiliser, d'autres le comprendront et s'en serviront ! »
Si vous vous dites cela, c'est parce que vous savez pas que vous le connaissez mais qu'à vos yeux, il n'a ni importance, ni intérêt, ni usage. Il n'est secret que parce qu'il est incroyable et immémorable, pas parce qu'on ne le révèle pas. Si vous voulez seulement voir qu'il est important, il vous faut pratiquer une spiritualité. Sinon nada, niet, rien, vous vous ne vous rendez même pas compte que vous avez su et vu. J'ai souvent essayé de le dire avant de l'oublier mais ces tentatives n'ont rien donné. Il est écrit sur ce blog sous la forme de métaphore, de comparaison, d'image et sous forme directe mais même moi, je ne l'y retrouve pas, sinon durant mes moments de lucidité. Je le lis, je comprends les mots et rien ne se passe. Je l'oublie, et c'est tout.
Tu en doutes, lecteur ? Allons essayons encore et tu verras : le « moi » est une illusion qui cache le fait qu'il n'a pas de fin parce qu'il n'a pas de début. Tu le sais, je le sais. Et alors ? Alors, rien. Ni toi, ni moi ne sommes prêts. Si nous l'étions, nous ne serions pas en train d'écrire ou de lire. Je n'essaierai pas de te convaincre parce que tu connais déjà mille preuves de cela. Seulement, tout comme moi, tu les refuses.
Une dernière remarque qui m'amuse : quand je me relirai, je ne comprendrai plus le secret alors il n'aura pas de sens à mes yeux, encore une fois.
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