mercredi 22 juin 2022

Parvulus absconditus es


Tout comme le vieillard qu'en toi tu entends geindre,
Le feu de ton foyer achève de s'éteindre ;
Tandis que vient la nuit pour recouvrir le monde,
Elihu alanguit ses ratiocinations,
Une douce torpeur s'empare des nations
Et les astres au ciel de joie dansent la ronde.

La lyre du psalmiste est muette à présent ;
Comme ton esprit s'ouvre au silence apaisant
Monotone son chant s'écoule dans le vent :
Tel un petit enfant tu te tiens à ton âme,
Tranquillement bercé jusqu'au cœur d'une flamme ;
Ainsi en sera-t-il du couchant au levant.

Notes :

  • Ce que j'entends par le mot « âme » est l'endroit où vous êtes lorsque vous savez que tout passe.

  • Pour ceux que ce genre de renseignements intéresse, ce texte fait allusion à d'autres qui y sont évoqués : le vieil homme de Saint Paul, le personnage d'Elihu dans le livre de Job, le psaume 131 ainsi qu'encore une fois des enseignements d'Ajahn Sumedho consacrés au silence. Le titre, lui, est inspiré par le  livre d’Isaïe. N'étant pas un latiniste compétent, j'imagine qu'il est assez maladroit.

  • Est-il besoin de préciser que je suis en train de relire les Pensées de Pascal ?

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jeudi 2 juin 2022

Qui scribit bis legit

 

Le temps a écrit sur moi ! Sont-ce là des façons ? Mais qui donc a éduqué ce malotru cruel ? Écrire sur les gens, mais enfin quelle idée !

Si encore c'était un poème très doux ou une lettre d'amour ou un traité savant ! Mais ce ne sont que des mots terriblement méchants : idiot, crétin, débris, ruine, et j'en passe et de moins bons.

Et le temps aussi passe et il écrit encore ; je le sais, je le sens, je le vois. Et soudain je comprends et, tout rasséréné, c'est à mon tour (encore !) de me dire : « Idiot ! Crétin ! Débris ! Ruine ! »

Car enfin, triple buse, comment veux-tu savoir ce qu'il te dit quand tu ne peux le lire qu'à l'envers ?


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