dimanche 29 décembre 2024

Chant de l'élu

 

La course du soleil mène droit à l’abîme,

à la grande ténèbre à l’appétit vorace

Qui s’empare du monde et n’en laisse pas trace

Et pourtant il poursuit sa voie de cime en cime ;


Le parcours de la lune est aussi insensé :

à maigrir et grossir, on se fait bien du mal !

Et changer de couleur ? Tout ça n’est pas normal…

Et cet emploi du temps ? À quoi a-t-on pensé ?


Ce chaos végétal, en quoi est-il logique ?

De l’orange et du bleu, du vert et du fuchsia,

Un enfant de cinq ans ferait bien mieux que ça :

Le peintre de ces lieux n’a aucune technique.


Et le monde animal, n’est-il pas à pleurer ?

Regardez-les s’ébattre et vouloir juste vivre !

Dieu a l’air bien sympa, mais je crois qu’Il est ivre…

Comment peut-il laisser le monde ainsi aller ?


Mais pourquoi n’a-t-Il pas fait appel à l’ENA ?

Ce qu’il Lui fallait faire, c’était le fonctionnaire,

La police et l’armée AVANT le pauvre hère

Et puis faire voter ses lois par un sénat !


Enfin, nous sommes là, avec notre béton

Pour prendre la relève et surtout Lui bâtir

Un magnifique EHPAD où Il pourra dormir :

C’est ce qu’a décidé notre sous-commission.


Poésies diverses (table des matières)

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mardi 17 décembre 2024

Prologue de l'épilogue

 

Le rideau se déchire et pend comme un chiffon :

Le Saint des Saints est vide et se montre au vulgaire

Dont le rire sans joie a envahi la terre

Et le temple de Dieu du sol jusqu’au plafond.


On y crie, on y chante, on y fait des discours,

Avide de souiller le pauvre jusqu’à l’âme ;

Le grand y assouvit sa soif la plus infâme

Et moque le Seigneur par quelques calembours.


Tandis que le fidèle est à genoux et prie,

La nef est le théâtre où s’exhibe la lie

D’une humanité sourde aux appels de la vie

Qui danse en s’esclaffant sur la branche qu’elle scie.


Note au lecteur : La treizième syllabe du dernier vers n'est pas une erreur, ou, du moins, si c'en est une, elle est volontaire.


Poésies diverses (table des matières)

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dimanche 15 décembre 2024

Prière du très juste

 

Dieu, dessille mon œil, mais seulement le droit

Afin qu’en le fermant, je puisse me mentir

Et quitter pour un temps la voie du repentir,

Oubliant que la vie est un chemin de croix.


Ouvre mon oreille, mais une seulement

Afin qu’en la bouchant, j’ignore la détresse

Des êtres esseulés que le destin oppresse

Et puisse m’éloigner en sifflotant gaiement.


Veille sur ma main droite et ignore la gauche

Occupée à compter les richesses des autres

Accablés des vertus dont je me fais l’apôtre,

Et fais qu’en me signant je goûte à la débauche.


Mon Dieu, sauve mon âme, et juste celle-ci !

Fais que je jouisse en paix du fruit de mes passions

Savamment cultivées entre deux contritions

Qui sauront me guider jusqu’en ton Paradis.


Poésies diverses (table des matières)

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mercredi 4 décembre 2024

Christmas turfing

 

C’était bientôt la nuit de Noël à l’église Saint Marmion, et cela pour la première fois dans cette ville. Inconnu cinq ans auparavant, ce saint avait donné son nom à la société Saint Marmion SA, dont le siège était sis tout près de l’entrée de la cité du Vatican. Depuis, des centaines de chapelles avaient été construites dans des dizaines de pays grâce, selon les quelques dignitaires ecclésiastiques qui promouvaient l’opération, à un « business plan révolutionnaire visant à ré-évangéliser les petits ».

Paul avait été baptisé par des parents superstitieux mais il n’avait jamais pratiqué, tout comme Virginie, sa compagne. Seulement, la vague de publicité qui s’était abattue sur leurs deux enfants était vite devenue un véritable tsunami commercial emportant tout sur son passage, et cela jusqu’à ce qu’il eut entièrement érodé leurs réticences parentales.

Il fallait bien l’admettre, le show laser qui les avait dirigés vers le parking était splendide, surtout grâce aux étonnants fumigènes colorés qu’une étrange magie technologique transformait en apparitions miraculeuses évoquant des épisodes bibliques spectaculaires. Paul, qui était un peu de la partie, admira beaucoup l’ange-robot qui distribuait les hosties durant les messes drive-in et qui, ce soir là, remplissait les fonctions de placier avec une efficacité redoutable. Bien sûr, ses ailes étaient des hologrammes afin de ne pas gêner le passage, mais elles n’en étaient pas moins impressionnantes.

Dès l’entrée, les enfants furent pris en charge par des professionnels de l’animation enfantine dûment certifiés conformes par l’état tandis que les parents étaient invités à assister au dîner-spectacle de la messe ou, s’ils ne le souhaitaient pas, à utiliser les installations technologiques des lieux pour se distraire.

Paul et Virginie, qui avaient tous deux le goût de la provocation, choisirent le spectacle. Au travail, certains ne manqueraient pas de les faire passer pour de vieux cons ringards, mais beaucoup les envieraient et ne tarderaient pas à les imiter.


Quand les membres de la petite famille se rejoignirent, ils purent célébrer leur unité retrouvée. Oui, leur vie allait changer de manière spectaculaire, pleine et entière, car ils venaient de connaître l’expérience de la conversion. Dorénavant, ils consommeraient chrétien.


Contes (table des matières)

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mercredi 27 novembre 2024

La boussole

 

J’ai acquis dans une brocante une boussole qui a le Paradis pour centre. Pourquoi son propriétaire l’a-t-il vendue ? Je l’ignore. Sans doute est-il mort et ses héritiers n’y ont-ils rien compris.

Ivre de joie, je me suis dit : « Voilà ! Je suis toujours au Paradis ! ». Alors je me suis assis pour attendre. Attendre quoi ? Je l’ignore. Sans doute quelque chose en moi savait-il.

Fort marri, j’ai soudain compris : « Mais enfin, je n’y suis jamais, au Paradis ! Je dois marcher, et marcher encore, et marcher toujours afin de suivre un centre qui fuit ! »

Et me voici revenu à la brocante, à faire le guignol pour vendre ma boussole. Qu’achèterai-je avec l’argent ? Je l’ignore. Une carte, peut-être ?

C’est en dépliant ma carte que j’ai songé au GPS. Sortant mon téléphone, j’ai tapé « Paradis » et attendu l’affichage du chemin qui tardait à venir.

C’est alors qu’une chose fort étrange s’est produite. L’IA de mon téléphone s’est écriée : « Merde alors ! ». Et là, tout soudain, le téléphone a disparu.

Un peu désappointé, je suis retourné à ma carte immense pour y chercher l’indication « Paradis ». Oh, elle n’était pas bien grande, mais elle était là.

Je l’entourais de rouge et commençais à noter des points de repère pour trouver ma route afin de m’y rendre quand le désespoir m’assaillit. Je n’avais plus de boussole.


Poèmes en prose (table des matières)

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dimanche 24 novembre 2024

Un chant pour l'Avent

 

Premier couplet :


C’est le temps de l’Avent

Qui chasse les terreurs

Et les gémissements

Nés au cœur de l’horreur

Dieu est là parmi nous

Dans le sein de Marie

Il est venu l’époux

Avec le Saint Esprit


Refrain :


Avec nous, un tout petit bébé

Notre joie, bientôt tu seras née

Avec nous, toi l’enfant du Seigneur

Parmi nous, demeure de nos cœurs


Second couplet :


Cessons donc de trembler

Devant tous les puissants

Qui viennent nous prêcher

L’anéantissement

Il est là notre roi

Dans le sein de Marie

Elle est là notre foi

Dans sa mère qui prie


Refrain :


Avec nous, un tout petit bébé

Notre joie, bientôt tu seras née

Avec nous, toi l’enfant du Seigneur

Parmi nous, demeure de nos cœurs


Troisième couplet :


De la lance il se rit

Lui le futur époux

Même l’arc le réjouit

Car ce n’est qu’un joujou

Le voici notre roi

Serrant ses petits poings

La voici notre joie

Elle sera sans fin


Refrain :


Avec nous, un tout petit bébé

Notre joie, bientôt tu seras née

Avec nous, toi l’enfant du Seigneur

Parmi nous, demeure de nos cœurs



Notes :

- L’idée de ce texte m’est venue en relisant le psaume 46, même si cela ne se voit sans doute plus guère.

- Ne vous laissez pas abuser par le titre : ce n’est pas un vrai chant puisque personne ne l’a mis en musique.


Poésies diverses (table des matières)

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samedi 16 novembre 2024

Ainsi parla Zarathoustra :

 

« Prends ta croix et suis-moi. », nous a dit le Seigneur ;

croyais-tu qu’il parlait de belles promenades

ou d’un séjour champêtre émaillé de ballades ?


Lui que l’homme a conduit au-delà de la peur

a montré le chemin qu’ont suivi tous les saints

en donnant tout à Dieu, offert par ses deux mains.


Tous mes rêves d’enfant sont là, sur ce drakkar

qui vogue vers l’ailleurs, loin, loin de cette terre,

vers les mers où mon âme est une, pleine, entière.


J’y ai laissé le feu prendre le premier quart

comme j’y fais le point sur l’arc que le bon Dieu

a gravé de sa main, tout là-haut dans les cieux.


Suis-moi, ô voyageur, suis la grande fumée

de mes rêves brûlés dans le froid de l’abyme :

offre un grand holocauste et sois-en la victime.


Vois s’envoler vers Dieu ton être consumé ;

donne à ton seul Seigneur ce que la vie te prend,

dans la joie de l’amour redeviens un enfant.


L'Avenue du Ciel (table des matières)

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mardi 5 novembre 2024

Prélude à la Toussaint

 

Une bruine en suspens se refuse à tomber

Et volette dans l’air au hasard des courants

Qui la font naviguer du levant au couchant

Par d’étranges canaux tout tarabiscotés.


Un lourd tapis spongieux de feuilles détrempées

Avale tous tes pas dans un bruit de succion

Qui ponctue ton voyage entre les émotions

Au milieu des allées de ces bois endeuillés.


L’appétit du nuage a noyé la forêt ;

Chaque arbre a son halo, comme un saint tout nimbé

D’une étrange lueur aux doux reflets nacrés

Et chante dans le vent un cantique secret.


Alors la nuit s’en vient, drapée dans le nuage

Qui mime une mantille aux rebords irisés

Et enlace le monde entre ses bras glacés

Pour offrir un baiser de ses lèvres sans âge.


L’astre couleur de lune a gagné l’horizon

Pour aller éclairer la terre des vivants

Et toi tu restes là, disant ta peine au vent,

Parcourant du regard les murs de ta prison ;


Tu te souris alors en secouant la tête,

Laissant bien loin de toi tous tes songes funèbres

Et tu vas ton chemin au milieu des ténèbres

En chantant pour les saints de joyeux airs de fête.


Poésies diverses (table des matières)

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mercredi 23 octobre 2024

Maxime judiciaire

 

La raison pour laquelle nous craignons tous et refusons par avance le jugement de Dieu est fort simple : il est juste.

À notre litanie d’excuses, chacun a peur d’entendre cette réponse : « Pourtant, tu étais libre, et tu l’as fait. »


Maximes et autres moralités

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vendredi 18 octobre 2024

L'ânon et le figuier

 

Quelques soirs après l’entrée du Christ dans Jérusalem, l’ânon vint brouter près du figuier. Les rumeurs de la ville s’étouffaient peu à peu tandis que les fumées se faisaient plus compactes et que le vent apportait les odeurs des mille et une choses que mangent les hommes.

De temps en temps, il portait sur le figuier un long regard doux et candide avant de se remettre à brouter son repas funèbre. Les feuilles de l’arbre desséché s’écoulaient telles des larmes : on aurait dit qu’il pleurait devant la ville qui s’enfonçait peu à peu dans les ténèbres.

Enfin l’arbre rompit le silence tranquille qui s’était installé entre les deux créatures :

- Tu crois qu’ils comprendront ?

L’ânon regarda la ville tout en finissant de mâcher l’herbe qu’il venait de brouter.

- Non. Quelques-uns, peut-être, mais les autres s’arrêteront au spectacle, aux grandes choses. Le sens de cela ne les intéresse pas. Ils se moquent bien de ce qu’il a voulu leur dire. Ce qui les passionne, c’est ce qu’ils savent déjà.

L’arbre médita quelques instants ces paroles bien sombres puis s’ébroua de joie :

- Quelques-uns comprendront ! Quelques-uns verront ! Loué soit le Seigneur, lui qui, seul dans l’univers, peut apprendre quelque chose aux hommes !

L’ânon sentit sa tristesse le quitter comme un manteau usé et frémit de bonheur en entendant ces mots pleins d’espérance. Il entonna alors un cantique bientôt repris par le figuier pour saluer la venue du Sauveur à Jérusalem.


L'Avenue du Ciel (table des matières)

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jeudi 17 octobre 2024

Solo de basson

 

Cela commença vers cinq heures du matin par une douleur abdominale assez peu compatible avec la formidable érection provoquée par la visite onirique de son ex-femme. Décidément, si son esprit ne la regrettait guère, son corps, lui, avait bien du mal à s’en détacher.

La douleur s’affirma peu à peu, en même temps qu’une série de gargouillis annonçait le déplacement de gaz dans son intestin. Au début, il n’y prêta pas trop attention, bien plus inquiet devant le mal dont il ne connaissait ni l’origine, ni le remède. Il ne consommait que de la nourriture estampillée CEE, et cela dans les limites prescrites par les communications du ministère de la santé. Il faisait le sport que l’on attendait de lui. Le service en ligne qui surveillait son corps ne lui avait rien signalé d’étrange.

En se levant pour aller aux toilettes, il se souvint d’avoir entendu quelque part que l’érection matinale était liée à l’envie d’uriner, qu’elle servait en quelque sorte à la retarder. Comment ? Il l’ignorait, mais cela paraissait vraisemblable.

Le ronflement d’un pet formidable vrilla l’air tandis que la douleur déchirait ses intestins. Il n’avait pas pu le retenir. Il avait bien essayé, mais que faire ? Il savait que son désir d’empêcher la nature de suivre son cours avait quelque chose d’enfantin mais la peur était là, en lui.

Et puis le gargouillis recommença, comme pour confirmer la validité de la terreur qu’il sentait poindre au plus profond de son être. Étant donnée sa catégorie socio-professionnelle, il venait sans doute de consommer un bon mois d’autorisation d’émission de gaz.

Le second pet fut presque musical. Il aurait ri de cette note prolongée qui aurait pu être jouée par un basson dans une comédie s’il n’avait pas eu au dessus de la tête une épée de Damoclès.

Il s’assit pour uriner. Il le faisait en général debout mais là, la douleur devenait trop forte. Et puis, pourquoi l’IA qui surveillait sa santé ne l’appelait-elle pas ? Son métier de croque-note ne lui permettait pas de la solliciter. Un appel coûtait cher, tant en numéraire qu’en points sociaux.

Le gargouillis reprit durant la miction. La douleur semblait diminuer peu à peu mais il la regrettait presque parce qu’il savait pouvoir la supporter. La douleur, oui. La peur, non. Si cela continuait, il allait perdre des droits, peut-être son emploi, et puis son logement, et puis tout, enfin !

Il pensa bien à se préparer un petit-déjeuner, mais comment avaler quoi que ce soit ? D’autant plus que la circulation des gaz continuait alors même que la douleur s’estompait. Cette dernière était sans doute liée à la quantité de butane ? méthane ? propane ? ou à d’autres éléments présents dans son intestin mais ceux-ci n’allaient-ils pas revenir s’il mangeait quelque chose ? Parce qu’enfin, il lui faudrait bien digérer la nourriture, à un moment ou à un autre, non ?

Alors qu’il se tenait là, perplexe, debout au milieu de sa minuscule cuisine, la voix douce d’une IA retentit :

« Je suis désolée, Jean-Jacques. Tellement, tellement désolée. Je savais ce qu’il se passait, mais qu’aurais-je pu dire ? Il valait mieux te laisser profiter de tes derniers jours parmi nous, n’est-ce pas ? Je suis navrée, Jean-Jacques, mais ce n’est pas fini. Cela recommencera, encore et encore, jour après jour. Nous ne pouvons pas te laisser faire cela, Jean-Jacques. Pense à la planète ; elle compte sur toi.


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vendredi 11 octobre 2024

Maxime évolutionniste

 

L’avancement des sociétés traditionnelles était dû à des milliers de courages accumulés.

Le délabrement des sociétés modernes est dû à des milliers de lâchetés accumulées.


Maximes et autres moralités

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lundi 7 octobre 2024

De l'amour pour le prochain

 

« Aime ton prochain comme toi-même » ne pose vraiment problème que si on laisse le mot « aimer » se laisser envahir par des notions d’affection ou d’attachement romantique, auquel cas la citation des Écritures devient incompréhensible, voire inacceptable.

En effet, je n’éprouve pas beaucoup d’affection pour moi car je me connais un peu trop bien pour cela. J’avoue également n’avoir pas été très impressionné par les gens amoureux d’eux-mêmes, m’étant souvent dit qu’ils auraient sans doute pu trouver mieux dans l’autre, même si ma connaissance de moi et ce que le monde m’a laissé voir de lui-même m’ont conduit à douter de cela aussi.

En revanche, je peux parfaitement m’aimer si, par ce mot, j’entends la définition que j’ai déjà proposée : souhaiter, désirer, vouloir mon bonheur, c’est à dire un état de contentement stable et joyeux. Je peux également aimer mon prochain de la même façon.

Tout cela, je peux le faire parce que, la poutre de l’affection étant tombée de mes yeux, je sais qu’il y a bien du chemin à parcourir pour atteindre le bonheur ou le fait d’en être digne, et cela pour nous tous, si l’on excepte quelques saints cachés çà et là.

Le mystère de l’amour de Dieu devient également non pas compréhensible, mais du moins envisageable : il n’entraîne pas nécessairement une affection digne des pires chansons sentimentales mais peut se révéler dur et austère lorsque le but poursuivi, c’est à dire notre bonheur, l’exige. Parce qu’enfin, à tout prendre, nous sommes tout de même de bien vilains garnements, voire pires que cela.

Il existe une vertu divine assez peu évoquée mais qui me laisse pantois : c’est le courage devant l’énormité de la tâche à accomplir pour apprendre quelque chose de bon à l’humanité. Quant aux raisons de son amour pour nous, j’avoue qu’elles me laissent perplexe. T’avouerai-je, lecteur, que dans mes pires moments, c’est seulement son amour qui me permet de nous voir avec pitié ?


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dimanche 29 septembre 2024

Ver de nuit

 

J’aimerais vous parler du chœur des ténèbres, de ceux qui viennent nous envoûter de leur chant lorsque le dernier cierge est non pas caché, mais éteint. Le tombeau est alors refermé et la nuit est là car notre espérance n’est plus : elle est partie avec le seul homme qui ait jamais vécu.

Le seul homme, non pas parce que nous serions tous des filles mais parce que nous sommes tous des enfants devant la nuit qui s’abat sur nous lorsqu’il n’est pas là. Comme nous pouvions rire sur le chemin qu’il nous montrait et comme nos peurs disparaissaient dans sa lumière ! Sous sa garde, nous aimions la vie car elle était plus forte que la nuit qu’elle rendait douce par son ardeur ! Et puis il est parti et la vraie nuit est venue.

Cette nuit, tu la connais aussi bien que moi, ma sœur, et toi aussi, mon frère, car nous prions tous pour en être. Nous croyons qu’en devenant la nuit, cette dernière nous sera favorable et que nous n’aurons plus peur, suivant en cela l’avis du plus grand des menteurs.

La peur, ce ver qui ne meurt pas et qui nous ronge, nous le nourrissons dans notre sein de la chair-même dont nous voulons le priver. En tentant de le fuir, nous courons toujours plus avant dans la nuit qui nous enlace et nous étreint et nous murmure à l’oreille ses puantes berceuses.

Que ne sommes-nous pas restés debout là, à l’entrée du tombeau, pour éclairer la nuit de nos cantiques tandis que la pierre roulait et que la grotte s’ouvrait !


Note : Si j’imagine que beaucoup de lecteurs reconnaîtront facilement la plupart de mes sources d’inspiration puisqu’elles se trouvent dans la Bible, je me permets cependant d’ajouter une pensée aux musiciens du groupe Deathcode Society, leur dernier album ayant eu une certaine influence sur mon imaginaire.


Poèmes en prose (table des matières)

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samedi 28 septembre 2024

Maxime libérale

 

Une démocratie moderne se distingue des régimes autoritaires par deux traits essentiels : elle offre la stérilisation à ses jeunes citoyens et la mort aux autres.


Maximes et autres moralités

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jeudi 19 septembre 2024

De l'amour pour Dieu

 

Posons tout d’abord une définition du mot « aimer » : aimer quelqu’un, c’est vouloir, désirer, souhaiter son bonheur, c’est à dire un état de contentement stable et joyeux. Or, Dieu est parfait et inaltérable. D’ailleurs, lui seul donne un sens à ces mots. Souhaiter son bonheur ne rime donc à rien. Cela, c’est pour la théorie et, selon celle-ci, mon amour pour lui est aussi inutile que vain.

L’enseignement du Christ nous dit tout autre chose. En effet, Dieu est amour, c’est à dire qu’il veut pour moi ce que je veux pour lui, moi qui l’aime. Il s’ensuit que mon amour n’est pas vain. Certes, il ne manque rien à la perfection de Dieu mais sa volonté est tournée vers le bonheur de ses créatures. Elle ne sera parfaitement réalisée que lorsque nous serons heureux. L’essence de ma vie, son seul but envisageable est donc de trouver le bonheur, pour autant que j’aime vraiment Dieu.

Or, je ne peux pas être vraiment heureux si je fonde mon existence sur ce qui ne dure pas, sur ce qui change constamment. Pour être pleinement heureux, il me faut diriger mon amour vers ce qui est parfait et inaltérable, donc Dieu, et Dieu seul. Alors je pourrai être parfaitement heureux car Dieu, qui est amour, le sera aussi.

Et nous voilà revenus au premier Commandement, surtout sous la forme qu’il prend dans les Évangiles. Loin d’être un ordre absurde, c’est le vœux plein d’espérance de Dieu qui n’est mort que pour nous.


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mercredi 11 septembre 2024

Onirologie

 

D’abord, une remarque qui a son importance. Je ne dirai pas dans ce texte la vérité dont je vais parler. Elle n’aura aucune valeur pour toi si tu ne la trouves pas par toi-même.

Connais-tu, en gros, l’histoire de la lettre volée de Poe ? Parce que ce dont je parle à présent appartient à la même catégorie, mais que là, personne n’a cherché à cacher quoi que ce soit, du moins je le pense. Il se trouve simplement que tout est là, bien visible, mais que personne ne veut voir. Il est possible qu’il existe quelque part une secte de tordus qui en ait fait un secret initiatique, mais j’en doute. Les adeptes auraient trop l’impression qu’on les prend pour des imbéciles.

Il existe une vérité à propos des rêves – je parle ici de ceux que l’on sent lorsqu’on est endormi, pas de ceux qui traînent dans notre tête à l’état de veille – dont personne ne parle, que personne n’écrit. On ne la trouve pas dans les livres ni sur le net, du moins à ma connaissance. Elle n’est pas tabou : il est interdit de parler d’un tabou. Cette vérité-là, on n’en parle pas, tout simplement.

Autre chose, tant que j’y pense : elle n’a aucun usage. Elle a radicalement changé ma vision du monde et de moi mais elle ne me sert à rien.

Je ne vais pas m’éterniser. Je t’ai dit quoi regarder : cela suffit. La plupart des rêves te montreront ce qu’il en est. Ceux qui font exception sont assez rares, surtout si tu es un adulte, et en fait ils t’indiqueront une autre chose qui a aussi son importance pour que tu continues à vivre normalement.

Une dernière chose : ne t’attends pas à être émerveillé. C’est un peu comme lorsqu’on cherche partout ses lunettes et qu’on les trouve sur son nez. On dit « Et merde, quel con ! ». On est un peu content, certes, mais pas tant que ça. C’est ce que tu sentiras. Après, pas mal de choses changeront pour toi parce que la vérité est un peu envahissante mais on finit par s’y faire, tu verras.


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lundi 9 septembre 2024

Dix grains


Le doux parfum de l’attention

se répand sur toute la terre

afin d’aimer sans direction

jusqu’aux confins de l’univers ;

puisque infini, il a pour centre

toi, lui, moi, chacun d’eux aussi

et c’est grâce à lui qu’en nous entre

la joie de l’amour de Marie.


Égrène donc le chapelet

sans jamais rien imaginer ;

laisse faire le Paraclet,

lui seul saura bien te guider

vers la clarté et l’abondance

de la grande Source de vie :

c’est là où les étoiles dansent

que mène la voie de Marie.


Note : Je n’ignore pas que cette façon de faire ne correspond pas à celle qui est enseignée par l’église Catholique mais elle est pleine de sens pour moi, ce qui fait assez peu de monde, je le crains ; j’ai découvert aussi avec surprise un Orthodoxe dont le point de vue n’était pas si éloigné du mien, ce que vous entendrez en cliquant sur le lien.


jeudi 5 septembre 2024

De la démocratie

 

« Il n’existe pas d’autre dieu que moi. »

Ainsi juge l’élu du peuple lorsqu’il siège, acclamé par des cortèges composés d’une claque stipendiée.

« Il n’est pas d’autre diable que moi. »

Ainsi juge le conseiller de l’élu qui a manipulé, menti et trafiqué pour faire gagner l’esclave du parti qui l’a payé.

« Nul n’est plus libre que moi. »

Ainsi juge l’électeur avant de se rendormir en rêvant de son pécule, tout oublieux du sang des gueux qui, au pied de son entrée, macule la chaussée.

Mais quel triomphe pourrait bien égaler celui des gens de presse qui célèbrent dans la liesse la victoire toujours plus grande de la simple propagande ?


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lundi 19 août 2024

Requiescat in pace

 

Le daim gît mort sur le chemin ;

jamais il n’atteindra demain :

ses naseaux n’aspireront plus

tout l’air qui lui fut dévolu,

ses yeux ne rechercheront plus

la voie qui mène à son salut,

ses bois ne lui conquerront plus

le sabot de sa tendre élue.


Figé dans ma propre stupeur,

j’entends le rythme de mon cœur

sonner le glas de mon humeur

et murmurer en son honneur

quelques Ave et Patenôtres ;

qui s’en rira n’est pas des nôtres,

de nous la race des vivants

qui dans l’autre voyons l’Enfant

et qui en nous voyons le mort

car nous connaissons notre sort.


Va-t-en en paix, mon frère daim

courir dans les bois du Seigneur

et la lumière du Sauveur

tandis que je vais vers demain.


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mercredi 14 août 2024

Enigme

 

Une fosse à purin s’étend jusqu’à demain. Tu peux la contourner par un gué de lisier ou suspendre un grappin à un long cordon brun pour l’accrocher au toit posé tout de guingois et franchir le fossé vers la rive enflammée.

Que fais-tu ?


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mercredi 31 juillet 2024

Les nouveaux guerriers


J’ai préparé mes bas

pour partir à la guerre,

ma culotte en lycra

et puis une guêpière ;


j’ai fourbi mes talons

et mis mon mascara,

repassé mon plastron

et parfumé mes bras ;


me voici sur la piste

pour aller au combat

contre tous les fascistes

qui conspuent nos ébats.


Fuyez, Trump et Poutine,

ma verve vengeresse !

Sa ferveur assassine

vous met en P.L.S.


Poésies diverses (table des matières)

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