mercredi 27 novembre 2024

La boussole

 

J’ai acquis dans une brocante une boussole qui a le Paradis pour centre. Pourquoi son propriétaire l’a-t-il vendue ? Je l’ignore. Sans doute est-il mort et ses héritiers n’y ont-ils rien compris.

Ivre de joie, je me suis dit : « Voilà ! Je suis toujours au Paradis ! ». Alors je me suis assis pour attendre. Attendre quoi ? Je l’ignore. Sans doute quelque chose en moi savait-il.

Fort marri, j’ai soudain compris : « Mais enfin, je n’y suis jamais, au Paradis ! Je dois marcher, et marcher encore, et marcher toujours afin de suivre un centre qui fuit ! »

Et me voici revenu à la brocante, à faire le guignol pour vendre ma boussole. Qu’achèterai-je avec l’argent ? Je l’ignore. Une carte, peut-être ?

C’est en dépliant ma carte que j’ai songé au GPS. Sortant mon téléphone, j’ai tapé « Paradis » et attendu l’affichage du chemin qui tardait à venir.

C’est alors qu’une chose fort étrange s’est produite. L’IA de mon téléphone s’est écriée : « Merde alors ! ». Et là, tout soudain, le téléphone a disparu.

Un peu désappointé, je suis retourné à ma carte immense pour y chercher l’indication « Paradis ». Oh, elle n’était pas bien grande, mais elle était là.

Je l’entourais de rouge et commençais à noter des points de repère pour trouver ma route afin de m’y rendre quand le désespoir m’assaillit. Je n’avais plus de boussole.


Poèmes en prose (table des matières)

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dimanche 24 novembre 2024

Un chant pour l'Avent

 

Premier couplet :


C’est le temps de l’Avent

Qui chasse les terreurs

Et les gémissements

Nés au cœur de l’horreur

Dieu est là parmi nous

Dans le sein de Marie

Il est venu l’époux

Avec le Saint Esprit


Refrain :


Avec nous, un tout petit bébé

Notre joie, bientôt tu seras née

Avec nous, toi l’enfant du Seigneur

Parmi nous, demeure de nos cœurs


Second couplet :


Cessons donc de trembler

Devant tous les puissants

Qui viennent nous prêcher

L’anéantissement

Il est là notre roi

Dans le sein de Marie

Elle est là notre foi

Dans sa mère qui prie


Refrain :


Avec nous, un tout petit bébé

Notre joie, bientôt tu seras née

Avec nous, toi l’enfant du Seigneur

Parmi nous, demeure de nos cœurs


Troisième couplet :


De la lance il se rit

Lui le futur époux

Même l’arc le réjouit

Car ce n’est qu’un joujou

Le voici notre roi

Serrant ses petits poings

La voici notre joie

Elle sera sans fin


Refrain :


Avec nous, un tout petit bébé

Notre joie, bientôt tu seras née

Avec nous, toi l’enfant du Seigneur

Parmi nous, demeure de nos cœurs



Notes :

- L’idée de ce texte m’est venue en relisant le psaume 46, même si cela ne se voit sans doute plus guère.

- Ne vous laissez pas abuser par le titre : ce n’est pas un vrai chant puisque personne ne l’a mis en musique.


Poésies diverses (table des matières)

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samedi 16 novembre 2024

Ainsi parla Zarathoustra :

 

« Prends ta croix et suis-moi. », nous a dit le Seigneur ;

croyais-tu qu’il parlait de belles promenades

ou d’un séjour champêtre émaillé de ballades ?


Lui que l’homme a conduit au-delà de la peur

a montré le chemin qu’ont suivi tous les saints

en donnant tout à Dieu, offert par ses deux mains.


Tous mes rêves d’enfant sont là, sur ce drakkar

qui vogue vers l’ailleurs, loin, loin de cette terre,

vers les mers où mon âme est une, pleine, entière.


J’y ai laissé le feu prendre le premier quart

comme j’y fais le point sur l’arc que le bon Dieu

a gravé de sa main, tout là-haut dans les cieux.


Suis-moi, ô voyageur, suis la grande fumée

de mes rêves brûlés dans le froid de l’abyme :

offre un grand holocauste et sois-en la victime.


Vois s’envoler vers Dieu ton être consumé ;

donne à ton seul Seigneur ce que la vie te prend,

dans la joie de l’amour redeviens un enfant.


L'Avenue du Ciel (table des matières)

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mardi 5 novembre 2024

Prélude à la Toussaint

 

Une bruine en suspens se refuse à tomber

Et volette dans l’air au hasard des courants

Qui la font naviguer du levant au couchant

Par d’étranges canaux tout tarabiscotés.


Un lourd tapis spongieux de feuilles détrempées

Avale tous tes pas dans un bruit de succion

Qui ponctue ton voyage entre les émotions

Au milieu des allées de ces bois endeuillés.


L’appétit du nuage a noyé la forêt ;

Chaque arbre a son halo, comme un saint tout nimbé

D’une étrange lueur aux doux reflets nacrés

Et chante dans le vent un cantique secret.


Alors la nuit s’en vient, drapée dans le nuage

Qui mime une mantille aux rebords irisés

Et enlace le monde entre ses bras glacés

Pour offrir un baiser de ses lèvres sans âge.


L’astre couleur de lune a gagné l’horizon

Pour aller éclairer la terre des vivants

Et toi tu restes là, disant ta peine au vent,

Parcourant du regard les murs de ta prison ;


Tu te souris alors en secouant la tête,

Laissant bien loin de toi tous tes songes funèbres

Et tu vas ton chemin au milieu des ténèbres

En chantant pour les saints de joyeux airs de fête.


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